[Privé] Song of the Sea Ft. Rubellite

Voyant le crabe se terrer dans son trou, elle se jette dessus et creuse jusqu’à ce qu’elle puisse y mettre tout son bras afin de s’emparer du crustacé.  Ce dernier ne se laisse pas faire et broie la main de l’adversaire dans sa pince.  Rubellite lâche un cri de douleur, secouant son bras pour finalement balancer le petit animal dans l’océan.  Elle s’y jette à son tour, cherchant à quatre pattes sa victime avec des mouvements rageurs.  Elle abandonne après un certain temps, furieuse de ne pas avoir pu tester ses dents sur ce crabe.  Elle se met à marcher dans l’eau sans arrêter, même quand elle devient complètement immergée.

Comme on peut le voir, elle a quitté le Kindergarten.  N’y-avait-il rien pour elle là-bas?  Non.  Pas de travail, pas de superviseur…rien.  À part un Gem qu’elle commence déjà à oublier, rien n’a pu la satisfaire.  Au lieu de ça, elle a ressenti du mécontentement, de la confusion, de l’ennui et de l’angoisse.  Vivre seule est un nouveau défi pour elle, et elle aurait pu s’en passer.  Elle doit retourner à son Agate ou à sa Diamond, peu importe! Courir dans la nature sauvage l’a distrait un peu, mais rien de suffisant pour lui faire oublier qu’elle a des devoirs et qu’elle appartient à quelqu’un.  Qu’elle n’appartient pas à cette planète peuplée de fous.  

Quelques poissons passant près d’elle mettent ses sens en alerte et la Gemme tente d’en attraper un.  La pression de l’eau la ralentit, et les poissons s’enfuient en un clin d’œil avant même qu’elle puisse en effleurer un.  Au cas où vous ne l’aurez pas remarqué, Rubellite ne sait pas nager.  Depuis tout à l’heure elle ne fait que marcher pour s’enfoncer dans les tréfonds de la mer.  Elle est fascinée et excitée à la fois par la vie marine autour d’elle.  Celle-ci s’éloigne toujours d’elle, mais elle ne laisse pas tomber et tiens absolument à s’attaquer à quelque chose.  

Après s’être fait piquer la bouche par un anémone en essayant de bouffer un poisson clown, elle se sent recouverte d’une ombre gigantesque.  Elle regarde au-dessus d’elle et aperçoit la silhouette la plus bizarre de sa vie : celle d’un requin.  Enfin, elle ne sait pas que c’est ce que c’est, mais elle reste impressionnée et déroutée.  Elle court à sa poursuite, même si ça ne l’aide aucunement à se mettre du même niveau que le prédateur.  La Gemme tente de hurler à son intention, mais sa bouche brûlée par l’anémone lui fait encore mal, et tout ce qu’elle parvient à faire sortir de sa gorge et un faible son déformé par des bulles d’air.  Elle finit enfin par comprendre, après avoir sauté plus haut qu’elle le pensait par-dessus une étoile de mer, qu’elle doit battre des jambes pour se déplacer.  Après avoir développé une méthode rustique, elle finit tant bien que mal par le rejoindre.  Elle se met de justesse face à la bête, mais celle-ci en fait que l’éviter sur le côté.  Le requin l’aurait-il attaqué ou serait-il complètement désintéressé par cette créature qui se met dans son chemin.  On ne le sait pas, mais on sait certainement que Rubellite n’a pas hésité pour lancer l’assaut.  Elle lui mord la queue, et l’animal riposte vivement en la balançant, avec de puissants coups de nageoires, dans le bleu de l’eau, l’étourdissant légèrement.  

Et c’est ainsi qu’on provoque un combat avec un monstre des mers et qu’on fait un duel à mort.

Mais alors que Rubellite matérialise ses griffes pour commencer à labourer le ventre du requin, qui gigote en essayant de la mordre, elle ne remarque pas la sirène bleue pas loin de là.

Bien que ses cheveux en couvrent la moitié, on peut voir la surprise et la perplexité sur le visage de Rubellite. Son adversaire s’est fait repousser juste comme ça et c’est fait enfermer dans une bulle. La Gemme confuse a beau être rapide, elle n’a pas eu le temps de rien faire pour l’en empêcher. Elle essaye de rejoindre la bulle le plus rapidement possible, mais sa confusion se transforme en frustration, ce qui lui fait oublier comment nager efficacement, et cette frustration se mue en colère de ne plus pouvoir avancer. Elle s’agite donc en tentant de rester sur place et de regagner sa mobilité, mais tout ce qui en ressort est une lente descente vers le bas.

C’est là seulement qu’elle remarque une odeur terreuse. D’ici là, elle devrait comprendre automatiquement qu’il s’agit d’une Gemme, après toutes ses années à sentir leur odeur, mais ce n’est pas le cas. Elle renifle encore un peu, même si la sensation de brûlure dans son nez n’est pas agréable, et elle finit par braquer son regard caché droit vers la Larimar. Elle en a peut-être déjà connu sans même le savoir, mais elle a oublié sans aucun doute. Pourquoi se souviendrait-elle de ça de toutes façons? Elle n’a jamais eu affaire avec de telles Gemmes.
Elle ne voit pas que celle-ci la regarde avec des yeux inquiets pour son état physique. En fait, au lieu de voir une bonne personne qui a voulu la sauver avec de bonnes intentions, Rubellite voit quelqu’un qui peut être potentiellement un ennemi ou un allié. Peut-être que si elle est une alliée, c’est probablement pour la sauver et pour la guider dans ce qu’elle doit faire. Si c’est une ennemie, peut-être qu’elle a jugée bon de se débarrasser de la traqueuse elle-même…tout laisse Rubellite dans la suspicion et dans la prudence.

Elle regarde le requin puis Larimar de nouveau. Elle se rappelle soudainement que battre des jambes lui permet d’avancer et se met à se diriger vers l’inconnue. Que peut-elle faire? Que peut-elle lui dire? En fait, oubliez cette question-là : Rubellite ne peut pratiquement rien dire. Sa dernière rencontre l’avait déçue, peut-être que c’est une note d’espoir de ne plus être seule qui la rend plus fébrile et qui l’a fait paraître un tantinet moins dangereuse, agressive et violente. Elle s’approche et recommence à renifler. Son petit nez se met à l’œuvre de moins en moins discrètement, jusqu’à ce qu’il soit très proche de la hanche droite bleue où repose une pierre de la même couleur.
Habituellement, Rubellite arrive un peu à voir au travers de ses cheveux, mais quand la couleur de la peau de l’étrangère est bleue et que l’océan est dans les mêmes tons…l’ancienne prototype ne peut croire qu’elle est effectivement bleue ou que c’est une Gemme invisible.

Elle recule un peu, laissant enfin un peu d’espace à la Larimar et essaye de la regarder droit dans les yeux, mais elle est trop distraite par les longs cheveux blancs qui ondulent magnifiquement dans l’eau. Ça ne l’empêche pas de se souvenir de ce qu’elle a à faire. Elle le faisait quelques fois pendant la guerre, ça lui revient maintenant.

Arrêtant soudainement de battre des pieds, elle fait le salut d’Homeworld avec ses mains et récite son discours le plus complexe qu’elle est capable de faire :

-Rubellite Facet-7G4…Cut-8ZA.

Quelque chose ne va pas.

Est-ce la queue de Larimar? Le fait que tout est bleu et que c’est mélangeant? À moins que ce ne soit le requin qui a laissé des séquelles après tout? Ou le fait que Rubellite coule vers le fonds de l’océan, gardant toujours la posture du salut sans battre des jambes, car elle essaye de réfléchir?

Dur, dur.

Elle finit par mettre le doigt dessus : bien que Larimar vient tout juste de se présenter, Rubellite ne peut pas avoir une idée claire sur elle. Pourquoi c’est si mélangeant? Avant, c’était si simple de savoir quoi faire avec qui. Mais avant, quelqu’un lui disait quoi faire, et ce quelqu’un n’était plus là. Pourquoi c’est encore ce problème? Est-ce que ça pourrait être quelque chose de plus simple, comme la queue de sirène? La Gemme confuse tâtonne celle-ci comme pour chercher une répondre plus facile, mais elle sait au fond d’elle qu’elle désobéit à un ordre en faisant cela? Lequel? Elle n’en a aucune espèce d’idée. Elle articule donc, tout en glissant ses doigts sur la queue écaillée :

-Yellow?

Elle répète quelques fois et à chaque fois, on dirait que ses ongles s’enfoncent légèrement plus dans les écailles. Si c’est par menace ou pour se tenir à de quoi pour ne pas couler, nul le sait. Elle remonte son visage vers celui de Larimar, et au même moment, un banc de poisson passe autour et au travers d’eux. Le mouvement de l’eau parvient ainsi donc à dégager pendant un instant les cheveux de Rubellite, permettant de voir clairement son visage, qui interroge encore :

-Yelloooooow?

Alors que son œil est à découvert, elle remarque un poisson brillant la frôlant de près. Par réflexe, avec une rapidité foudroyante, elle lâche la sirène, matérialise ses griffes et fauche le poisson, qui évite le coup de justesse. Aussitôt, les poissons se sauvent dans tous les sens, mais celui qui énerve Rubellite n’échappe pas au deuxième coup qui enchaîne tout de suite le premier. Alors qu’il est encore pris de convulsion, embroché, la Gemme rouge le prend dans sa gueule pour en arracher un bon morceau de viande et d’arêtes. La chose brillante glisse de ce qui reste de la victime et tombe lentement vers le bas, tout comme Rubellite qui ne nage plus depuis un bail. La chose elle-même est en fait un médaillon poli dans les reflets le rendent lumineux. Il touche le fond sableux, suivi de près par Rubellite qui est en train de finir sa bouchée avec voracité. Elle s’apprête à tout avaler avant de demander une dernière fois : «Yelloooow?», et sa main tâtonne par instinct le cordon du médaillon. Grave erreur, car au même moment, un vers géant, laid et transparent émergeant, prenant dans sa gueule le médaillon et emportant du fait même Rubellite qui n’a pas lâché sa poigne. Elle reste surprise et perplexe un instant, mais elle finit par se ressaisir en donnant un bon coup de griffe qui était supposé arracher une des étranges lèvres de la gemme corrompue, mais qui ne fait que couper la petite corde surtout. C’est de justesse que le pendentif glisse de la bouche dentée pour glisser de sa corde et couler vers le fond.

C’est avec difficulté que Rubellite tente de nager vers le feu de l’action, là où Larimar a pris part à l’attaque.  Cette dernière frappe le vers monstrueux qui n’est visiblement pas plu et est distrait pour un petit instant.  La gemme bleue en profite pour crier à Rubellite :

-Le médaillon!

Elle lui pointe l’objet en question qui coule encore, et Rubellite baisse la tête pour le repérer.  Elle ne voit absolument rien, avec ses mèches de cheveux sur le visage.  Elle fait donc ce qu’elle sait le mieux faire :  elle prend le cordon qu’elle tient dans sa main et l’approche de son nez pour mieux le sentir.  Elle identifie l’odeur du lin teint en noir et celle légère du métal duquel est composé le médaillon, dont elle se souvient avoir retenu une senteur semblable.  Elle ressent du mouvement devant elle : c’est le vers, qui lui aussi a suivi la direction du doigt de Larimar.  Les deux se toisent un instant, signe très clair que des deux côtés, ça va barder.

Le vers plonge vers le bas, et Rubellite part à sa poursuite.  Le monstre est nettement plus rapide qu’elle et se déplace beaucoup plus naturellement.   Celle en désavantage à donc le réflexe de s’accrocher à la peau visqueuse de la créature et de se laisser emporter avec elle.  À l’aide de ses griffes, elle essaye de remonter à la tête.  Avec le contrecourant causé par la vitesse de déplacement du monstre, elle n’arrive pas à temps et la gemme corrompue plonge dans le sable, engloutissant à coup sûr le pendentif et entraîne avec lui Rubellite qui est toujours accrochée à son dos.  Elle finit par se détacher de lui et remonte jusqu’au haut du trou, laissant sa tête sortir pour lancer à Larimar :

-En bas!

Cela étant, elle se laisse tomber où, dans les profondes ténèbres du sable au fin fond de l’océan, elle ne voit absolument rien.  Le noir est autant à plaindre que ses cheveux.  Elle se met à quatre pattes et suit le tunnel.

J'ai oublié dans mon dernier poste de mettre une image du monstre pour donner une idée, sorry ><: